Discours à l'ONU en 2003 face à la deuxième guerre du Golfe

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Après les attentats du 11 septembre 2001, le président américain Georges W. Bush, fils de Georges H. Bush, lance une « guerre contre le terrorisme ». Après l'intervention militaire en Afghanistan en 2001, il accuse l'Irak de posséder des « armes de destruction massive ». Malgré l'absence de preuves établies par l'ONU, les États-Unis veulent organiser une opération militaire contre l'Irak. La France, membre permanent du Conseil de sécurité, s'y oppose et le ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin vient défendre la position française. L'intervention des États-Unis malgré tout en Irak aboutit à la deuxième guerre du Golfe et au renversement du régime de Saddam Hussein.

« La question qui se pose aujourd'hui est simple : considérons-nous en conscience que le désarmement par les missions d'inspection¹ est désormais une voie sans issue ? Ou bien, estimons-nous que les possibilités en matière d'inspection […] n'ont pas encore été toutes explorées ?

5 En réponse à cette question, la France a deux convictions :

  • la première, c'est que l'option des inspections n'a pas été conduite jusqu'à son terme et peut apporter une réponse efficace à l'impératif du désarmement de l'Iraq ;
  • la deuxième, c'est qu'un usage de la force serait si lourd de conséquences pour les hommes, pour la région et pour la stabilité internationale qu'il ne saurait être envisagé qu'en dernière extrémité.

10 […] l'usage de la force ne se justifie pas aujourd'hui. Il y a une alternative à la guerre : désarmer l'Iraq par les inspections. De plus, un recours prématuré à l'option militaire serait lourd de conséquences.

L'autorité de notre action repose aujourd'hui sur l'unité de la communauté internationale. Une intervention militaire prématurée remettrait en cause cette unité, ce qui lui enlèverait sa légitimité et, dans la durée, son efficacité. […]

15 Monsieur le Président, à ceux qui se demandent avec angoisse quand et comment nous allons céder à la guerre, je voudrais dire que rien, à aucun moment, au sein de ce Conseil de sécurité, ne sera le fait de la précipitation, de l'incompréhension, de la suspicion ou de la peur.

Dans ce temple des Nations unies, nous sommes les gardiens d'un idéal, nous sommes les gardiens d'une conscience. La lourde responsabilité et l'immense honneur qui sont les nôtres doivent nous conduire à donner la priorité au désarmement dans la paix.

20 Et c'est un vieux pays, la France, d'un vieux continent comme le mien, l'Europe, qui vous le dit aujourd'hui, qui a connu les guerres, l'occupation, la barbarie. Un pays qui n'oublie pas et qui sait tout ce qu'il doit aux combattants de la liberté venus d'Amérique et d'ailleurs. Et qui pourtant n'a cessé de se tenir debout face à l'Histoire et devant les hommes. Fidèle à ses valeurs, il veut agir résolument avec tous les membres de la communauté internationale. Il croit en notre capacité à construire ensemble un monde meilleur. [...]

Extrait du discours prononcé par Dominique de Villepin, ministre des Affaires étrangères français, devant le Conseil de sécurité des Nations unies, au siège des Nations unies à New York, le 14 février 2003

¹ La question des inspections est au cœur du projet américain et du discours de Dominique de Villepin : pour s'assurer que l'Irak ne développe pas d'armes de destruction massive (armes chimiques interdites ou armes nucléaires), l'ONU envoie des inspecteurs vérifier les arsenaux irakiens. Les Américains arguent que les Irakiens entravent le travail des inspecteurs pour justifier leur projet d'invasion. La position française diverge de celle-là.

Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr
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